L'enfer vert, voilà
ce que Vietcong nous propose de connaître. Le titre de Pterodon et
Illusion Software se livre enfin à nous. Un trip monumental qui
doit tout à une ambiance particulièrement bien retranscrite
mais qui souffre d'un gameplay parfois un peu bancal.
Avant toute
chose, vous pardonnerez ce message à caractère personnel
adressé à Take Two : merci beaucoup de nous avoir refilé
une version aussi calamiteusement instable de Vietcong alors que le soft
est déjà dispo aux USA. Voilà, non mais oh ! Bon,
parlons du jeu maintenant. Il existe différentes solutions récentes
pour démarquer un FPS d'un autre et sortir du traditionnel tir au
pigeon. L'une d'elle consiste à restituer une ambiance forte, c'est
ce que nous appellerons pompeusement l'école Medal Of Honor. Les
créateurs de Mafia et surtout de Hidden and Dangerous (Illusion
Software) et l'équipe de Pterodon, ont eu pour principal objectif
ici de nous donner le sentiment d'une immersion la plus convaincante possible
au sein de la jungle vietnamienne et de la guerre qu'elle a abritée.
Tout commence à l'école (à moins que vous ne zappiez le tutorial) où vous commencerez le jeu en vous faisant copieusement insulter par un instructeur qui m'a presque fait pleuré devant mon écran (et qui dispose d'un catalogue d'insultes très vaste). Puis viendra la campagne solo. Vietcong ne plaira peut-être pas à tous les amateurs de FPS. On y avance en effet à pas feutrés, dans une jungle touffue pleine d'obstacles mais aussi de booby traps, les pièges bricolés par les Vietcongs. Pas question de se prendre stupidement les pattes dans un fil en nylon qui va vous balancer une rangée de pieux dans les boyaux ou vous faire péter une mine à la face. Jouer à Vietcong, c'est crapahuter laborieusement en compagnie de vos hommes, dans le silence jusqu'à ce que soudain, les balles fusent de toutes parts, les viets sont là. Oui mais où ? Planqués derrière des fougères, des troncs d'arbres, dans une tranchée après avoir surgi d'un de leur tunnel de dingues. Une grenade explose près de moi, mes oreilles sifflent, je comprends plus rien à ce qui se passe.
L'assaut est terminé,
je fais venir le radio et je contacte le QG pour plus d'infos. Hey, toubib,
viens par là, j'ai besoin d'un bandage ! Si vous avez déjà
vu quelques films traitant de la guerre du Vietnam comme Platoon ou Full
Metal Jacket, vous avez une idée de ce que le titre nous propose
de vivre. On avance toujours lentement, ne sachant pas quand on va se faire
tomber dessus. En terme de missions, Vietcong sait aussi être varié
: attaques éclairs, recherche d'alliés perdus, défense,
fuite après un crash etc et tout ça sous la coupe d'une mise
en scène digne d'Hollywood. C'est une certitude, Vietcong constitue
un trip ludique absolument génial, si on adhère, et ce en
grande partie grâce à la représentation de la faune
tropicale. Il faut savoir que les développeurs se sont payés
une équipe d'experts en botanique afin de recréer à
la perfection les environnements locaux. Plaines, rizières et surtout
jungle sont donc une réussite impressionnante. Des dizaines d'espèces
végétales différentes viennent perturber votre progression,
vous contraindre à des détours ou simplement servir de couverture
à l'ennemi. C'est d'ailleurs ce qui confère au titre son
expérience de jeu si particulière axée sur de longues
et pénibles marches qui précèdent de grands moments
de furie.
En pur terme de gameplay, Vietcong n'est pourtant pas une révolution et souffre même de sérieux défauts. Quelques petites choses viennent égayer le jeu comme la possibilité de donner des ordres simples à vos hommes ou de demander un renfort aérien (le tout étant de ne pas se le prendre soi-même sur la tronche) mais cela reste assez maigre. Le plus gros de l'activité consistera à marcher en file indienne et de canarder ensuite tout ce qui semble hostile, de préférence pas de trop près, car s'approcher c'est toujours risquer d'être surpris par d'autres types bien cachés. Pas super innovant à ce niveau, le soft doit de plus assumer les défauts de ses qualités. L'ambiance réaliste entraîne en effet certaines longueurs dans l'action qui tarde parfois à s'énerver. De plus, chaque espèce végétale ne dispose pas de sa propre masse ou densité, aussi on classera les plantes en deux catégories : celles qui ne gênent que la vue et celles dont les salo****** de feuilles nous bloquent dans un coin ! Un petit reproche aussi au niveau des armes qui s'avèrent parfois peu précises et surtout pas toujours très bien modélisées. Certains verseront peut-être une larme en pensant à l'aspect très dirigiste du jeu et de ses cartes linéaires.
Il y a un autre point qui s'avère assez aléatoire, l'IA. Pour ce qui est de vos hommes, ils répondent assez bien à vos ordres, mais il leur arrive d'avoir quelques pépins de pathfinding qui casse un peu l'ambiance et des réactions un peu trop violentes qui peuvent être regrettables. Les Vietcongs sont eux très convaincants. Certes, l'IA n'est pas parfaite mais les ennemis se jettent au sol ou se planquent dès qu'ils vous voient, s'enfuient pour vous attirer dans des pièges etc. Très bon, en tout cas, très immersif.
Côté réalisation, je vous l'ai déjà dit, on n'avait jamais vu un milieu tropical aussi bien rendu. Vous comprendrez ce que cela veut dire quand vous devrez errer dans les marais en pleine mousson sous une pluie battante et le feu ennemi. Tout ça après avoir rampé dans les « rat tunnels ». A cela s'ajoute quelques animations bienvenues comme le saut d'obstacles ou le roulé-boulé d'esquive. Mais... malheureusement, si le moteur 3D assure méchamment dans les bois, c'est en milieu ouvert qu'il montre ses limites. La distance d'affichage s'avère réduite et on a droit à un beau clipping sur les montagnes. De même si les textures des soldats sont irréprochables, celles des reliefs ou du ciel sont particulièrement mauvaises.
Vos oreilles seront
elles-aussi gâtées. Dans les menus ou lors de vos passages
à votre camp de base, elles auront la chance d'apprécier
quelques morceaux d'Hendrix, des Stooges ou de Deep Purple. En cours de
jeu, pas de musique, mais des gazouillis d'oiseau, de la pluie, des cris
en anglais ou en vietnamien, des coups de feu, le tonnerre, les pales d'un
hélicoptère qui décolle après vous avoir déposé.
Il est clair que la bande-son joue un rôle aussi important que les
graphismes ou les scripts dans l'immersion.